Dans un précédent article, je vous ai expliqué les différentes problématiques posées par les traitements du cancer de la prostate. Je vais maintenant aborder l’aspect pratique de ce qui est possible.
En pratique, est souvent prescrit par votre urologue :
IPDE5 faiblement dosé tous les jours et à la demande, trois fois/semaine,
- IPDE5 plus fortement dosé pour obtenir une érection.
- IPDE5 faiblement dosé tous les jours et à la demande, deux fois/semaine, injection intra-caverneuse de prostaglandines.
- IPDE5 faiblement dosé tous les jours et à la demande, trois fois/semaine, crème à base de prostaglandines au niveau du méat urinaire.
- Certains protocoles associent avec succès vacuum et IPDE5 mais ils ne sont pas plébiscités par les urologues français. Par ailleurs, l’utilisation précoce du vacuum, limiterait la perte de taille du pénis.
La prise en charge sexologique est un temps essentiel qui permettra au patient de renouer avec son sentiment d’intégrité personnel et d’identité virile. La participation du partenaire est préférable. Il s’agira d’informer, d’éduquer le patient à de nouvelles façons de faire, de l’aider à découvrir qu’il existe d’autres façons de jouir que ce qu’ils connaissaient jusqu’à présent (notamment découvrir que l’on peut jouir sans érection, il faut juste s’habituer à caresser un sexe mou.). Sa vie sexuelle ne s’arrête pas mais il va devoir être inventif et sortir de sa routine. Découvrir que la pénétration n’est qu’une caresse parmi tant d’autres et qu’elle n’est pas indispensable au rapport sexuel (vous pouvez lire mon article sur ce sujet en cliquant ici) sauf si on désire concevoir un enfant est une étape essentielle. On peut décider d’utiliser des traitements pour obtenir une érection, on peut aussi décider de poursuivre sa sexualité de manière différente. Le choix appartient au patient et à son couple, le sexologue est là pour l’accompagner et optimiser les solutions.
Quel que soit le choix effectué, la sexualité sera transformée, différente et mais pas forcément de moins bonne qualité.
Cet article va maintenant s’attacher à décrire plus précisément l’utilisation des différentes solutions existantes.
Les injections intra-caverneuses : la première est réalisée par votre urologue qui montre la façon de faire. C’est facile et le plus souvent sans douleur, on utilise généralement un stylo injecteur comme chez les diabétiques. L’urologue utilise une demi-dose pour observer le résultat. Si l’érection est trop faible, la fois suivante, il suffit d’augmenter la dose et inversement, si l’érection obtenue l’est sur une durée trop longue, on diminue la dose la fois suivante. Dans le cas où l’érection s’éternise trop longtemps, il suffit de mettre un peu de glace sur le pénis pour le soulager. Au-delà de quatre heures, il est indispensable de consulter en urgence. On ne doit pas dépasser deux injections par semaine.
Le Vitaros (crème de prostaglandine sur le méat urinaire) peut s’utiliser trois fois par semaine. Il s’agit de faire pénétrer par le méat urinaire la crème pré-dosée et de masser ensuite le pénis. Les premières utilisations sont parfois décevantes, il faut utiliser ce médicament une dizaine de fois avant de parvenir une érection complète. Ce médicament doit être conservé au réfrigérateur et si la partenaire est enceinte, il est indispensable de mettre un préservatif pour éviter une fausse-couche (les prostaglandines sur le col utérin déclenchent des contractions).
Le vacuum, dans le but de limiter la perte de longueur du pénis, doit être utilisé tous les jours une quinzaine de minutes. Il faut être progressif et doux. Pour obtenir une érection permettant la pénétration, il est nécessaire d’utiliser un anneau mis à la base du pénis qui bloquera le retour veineux. Cette solution à le désavantage d’apporter du sang veineux, donc moins riche en oxygène, alors qu’il y faudrait du sang artériel, plus riche en oxygène. Vous trouverez toutes les explications nécessaires à cette adresse :
https://www.youtube.com/watch?v=M2RjdP5ElQI
Il est important de respecter les contre-indications.
Quel que soit votre choix, il doit être fait en accord avec votre urologue et respecter les délais de cicatrisation.
Par ailleurs, il faut savoir qu’il y a parfois une fuite urinaire au moment de l’orgasme. Si c’est la cas, différentes solutions existent pour y palier. Tout d’abord, penser à aller uriner avant le début du rapport sexuel. Si les fuites sont peu importantes, utiliser un préservatif. Si les fuites sont trop importantes pour être contenues dans le préservatif, il est possible de mettre à la base du pénis un anneau qui écrasera l’urètre et empêchera les fuites.
Dans tous les cas où un anneau est utilisé, il ne doit pas rester en place plus de 20 minutes. En effet, il agit comme un garrot, empêchant l’oxygénation des tissus péniens. Maintenu trop longtemps, il y a un risque de nécrose.
Quelle que soit la solution proposée par votre urologue, n’hésitez pas à en discuter avec un sexologue. Ce dernier peut vous recevoir seul ou accompagné de votre partenaire.
N’hésitez pas à prendre rdv avec votre thérapeute en cliquant ici .