La pénétration n’est qu’une caresse parmi toutes les autres, elle n’est en aucun cas ce qui     
définit un rapport sexuel. Réduire le rapport sexuel à une pénétration, c’est réduire la carte d’un restaurant gastronomique à un steak-frites ! Quel ennui !

Il n’est pas étonnant que de plus en plus de femmes, passées les premiers mois du début d’une relation amoureuse, voient leur libido disparaître. Comment répondre positivement à un rapport sexuel démarré tard le soir, après toutes les corvées d’une journée, quand enfin on a éteint les écrans qui nous accompagnent heure après heure, rapport sexuel dont le menu est invarié, quelques minutes de préliminaires bâclés, centrés sur la zone génitale, suivis d’une pénétration, la partie étant systématiquement sifflée une fois que l’éjaculation s’est produite.

Les préliminaires portent très mal leur nom puisqu’ils peuvent faire, à eux seuls, la totalité du rapport sexuel. Et ils s’étendent à l’ensemble du corps. Prendre le temps de caresser chaque centimètre carré de peau, caresses douces comme une brise d’été, ou plus    appuyées, avec le bout des doigts, ou toute la main, chaude caresse de la langue, grignotage    du bout des dents ou encore morsure délicate ! Explorer chaque coin et recoin du corps,    prendre le temps d’éveiller la sensualité de son partenaire ! Ecouter ce dernier dire ce qu’il    aime et oser à son tour dire ce que l’on préfère. Prendre le temps d’égrener les mots    d’amour, communiquer dans le peau à peau et laisser monter doucement le plaisir… Prendre    les petites routes plutôt que l’autoroute. 

L’obligation de pénétrer à toute force n’est qu’une injonction sociétale comme tant d’autres.    
L’homme doit prendre et la femme se laisser, passivement, prendre. C’est d’ailleurs toujours  la femme qui est pénétrée, par son vagin, son anus, sa gorge (ce fantasme de gorge  profonde et combien d’envie de vomir réprimée !). Mais qu’une femme propose à un  homme de le pénétrer, avec son doigt ou un sex-toy, la réponse est quasi automatique : « je  ne suis pas gay ! » Quitte à ce que l’homme ne découvre jamais le plaisir prostatique. Et il  n’y a certes aucune obligation pour l’homme à se laisser pénétrer, s’il ne le désire pas. Mais  alors pourquoi cela serait-il obligatoire pour la femme ? 

Pourquoi la femme qui ne désire pas être pénétrée ou qui ne le peut pas (vaginisme, douleur  en tout genre…) se sent coupable, anormale ? Pourquoi doit-elle se justifier longuement ?    
Même quand l’homme éduqué et respectueux accepte de faire sans, pourquoi fait-il  comprendre que cela ne saurait être définitif, car il ne sait pas comment gérer sa  frustration ? Il se sentirait moins homme, moins aimé également. 

Ne serait-ce pas plutôt cette norme sociétale de la pénétration qui doit être supprimée ? La  femme peut aimer passionnément et ne pas vouloir être pénétrée, désirer autre chose, de  plus subtil. D’autant plus que cette norme ne fait pas peser tout son poids de culpabilité  uniquement sur les femmes mais également sur les hommes. Ces derniers ont l’obligation de  pénétrer à chaque fois, victorieusement ! Quid des pannes sexuels définitives ou  passagères ? Le jeune homme un peu stressé par cette obligation de performance qui perd son érection ou éjacule trop vite, doit-il se passer de rapport sexuel ? L’homme vieillissant  dont l’érection est insuffisante doit-il renoncer aux joies de l’amour physique ? Qui a écrit  cette stupide équation : « Pas d’érection, pas de sexe » ? Ne vous laissez pas dicter votre  sexualité par la société !  

Savez-vous, Messieurs, que votre plaisir ne dépend pas de votre érection ? Tentez l’expérience, obtenez un orgasme alors même que vous n’avez pas d’érection. Il vous suffit de vous caresser ou que votre partenaire vous caresse exactement de la même façon que si vous étiez en érection. Restez concentré sur votre plaisir et cherchez à le faire augmenter, ne vous laissez pas distraire par l’absence d’érection : vous allez orgasmer !

Si dans votre couple, hétérosexuel ou homosexuel, la pénétration est possible et appréciée,     
profitez-en ! Mais si la pénétration se révèle difficile ou peu appréciée, ne pratiquez pas !    
Ce qui doit guider le choix de vos caresses ne relève pas de la société mais de votre plaisir et de celui de votre partenaire. Un diabétique qui doit renoncer aux sucres peut toujours fréquenter les restaurants, il évitera simplement les desserts.  

Faites l’amour comme vous le désirez, avec ou sans pénétration, ne vous limitez pas aux   zones sexuelles, prenez votre temps, (vous pouvez commencer le matin, interrompre,   reprendre plus tard…), égarez-vous, explorez, communiquer avec votre partenaire !   L’amour est magique ! 

Un peu de lecture :

  • « Au-delà de la pénétration », Martin PAGE.     
  • « Sortir du trou et échapper à notre vision étriquée du sexe », Maïa     
    MAZAURETTE