IDENTITE DE GENRE


La notion d’identité de genre devient prégnante dans notre société et fait débat. Mais qu’est-ce que l’identité de genre ? Quelques définitions sont nécessaires afin de comprendre de quoi il est question.


Le sexe biologique est le sexe qui est inscrit dans vos gênes, on parle aussi de sexe chromosomique, soit XX pour la femmes et XY pour l’hommes. Donc, à priori, on nait soit femme, soit homme. Cela semble simple, quoi que ! Il existe de nombreuses anomalies des chromosomes sexuels. Je vais simplifier, on peut obtenir XX, XY mais aussi XXY, et d’autres encore. Soient plus de deux sexes différents !


Il existe un niveau de complexification supplémentaire. C’est ce qu’on appelle le phénotype. Pour faire simple, c’est la façon dont les gênes vont s’exprimer. Nous pouvons être porteur d’un gêne, mais si le contexte ne le permet pas, il ne va pas s’exprimer. Il en est de même de nos gênes sexuels. Une modification de notre environnement, la présence d’un polluant comme les bisphénols, (remercions au passage l’industrie pétrochimique !) et bien malin qui saura quel est notre sexe génétique en observant nos parties génitales. Nous aurons un peu de tissus génital masculin et un peu de tissus génital féminin, l’enfant est dit intersexe. Et c’est un problème éthique qui apparaît. Qui choisit alors le sexe de l’enfant ? Les parents ? La médecine ? La société ? L’enfant devenu adulte ? Mais est-il indispensable de choisir ? Une prise en charge chirurgicale est-elle absolument nécessaire ? Dans quels délais ? Ne peut-on pas accepter cet enfant tel qu’il est né, dans sa différence ?  Je ne vous parle même pas de l’obligation de déclaration de naissance à la mairie, dans les cinq jours qui suivent la naissance, qui oblige à préciser le sexe et, lorsque ce dernier est incertain, d’indiquer « le sexe qui apparaît le plus probable » ! Il faut choisir et dans l’urgence alors même que la décision, ou son absence, devrait être prise en sein d’un comité d’éthique, réunissant les parents, les médecins mais également juristes et philosophes.


D’autres complications peuvent encore apparaître. Vous pouvez être né avec des chromosomes XX et des organes sexuels conforment au caryotype, soit un vagin, des ovaires et une vulve. Vous êtes une femme. Mais quid de vos hormones sexuelles ? Si votre taux de testostérone s’avère être trois fois supérieur à la norme féminine et donc vous confère une musculature particulièrement importante et que vous êtes une sportive de haut niveau, quelle est votre catégorie ? Homme ou femme ? La question s’est déjà posée et la jeune sportive avait été condamnée à ne plus concourir avec les femmes, tout en ne pouvant pas concourir avec les hommes !


Les choses ne semblent pas aussi simples qu’au premier abord. Notre bagage physiologique, qui relève de l’inné, peut faire de nous une femme, un homme ou un mixte des deux. 
Je ne vous ai pas encore perdu ? Poursuivons.


L’identité de genre correspond au ressenti de chacun qui dépend de l’histoire personnelle. On se sent femme, on se sent homme ou ni l’un ni l’autre, au plus profond de nous. Ce n’est pas une problématique de choix, on ne choisit pas, de même qu’on ne choisit pas son orientation sexuelle. L’identité de genre s’impose à chacun d’entre nous. Pour ma part, je me sens femme et j’ai choisi d’en afficher les attributs qui eux relèvent d’une construction sociale. Je porte des talons, je me maquille et j’adore les robes. Mais tout le monde n’a pas une identité de genre conforme à son identité chromosomique. Le terme médical est dysphorie de genre. J’aurais pu me sentir homme. Ce qui ne signifie pas forcément que je demande l’aide médical pour transitionner. Je vais peut-être faire le choix de juste modifier mon prénom pour un prénom plus masculin et demander à mon entourage d’utiliser le pronom « IL ». Eventuellement, je demanderai à la justice de modifier mon état civil. Mais, c’est un parcours du combattant.


Une autre possibilité pour moi aurait été de me percevoir ni homme, ni femme. Mon identité de genre peut être amenée à se modifier, soit dans le temps, soit en fonction de mes activités. Je pourrai me sentir femme dans certaines circonstances et plutôt homme ou androgyne dans d’autres occasions. Et je demanderai qu’on utilise, pour parler de moi, le pronom « iel ». Pourquoi devrions-nous absolument choisir et ne jamais changer d’avis ?


Finalement, il existe un sexe chromosomique, un sexe gonadique, une identité de genre et une identité sociale. L’identité sociale représente toutes les injonctions sociales que nous subissons, le plus souvent de manière inconsciente. Une femme est douce, empathique dans la communication. Un homme est plus agressif, bagarreur et communique peu. Pour faire simple, « les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus ». Et nous nous y conformons le plus souvent.


Dans notre société française, la construction impose deux genres, masculin ou féminin qui est fixé pour toute notre vie. Mais ce n’est pas le cas de toutes les sociétés. Chez les Inuits, le sexe de l’enfant qui est attribué sera celui du dernier ancêtre à être décédé. Donc, si le sexe biologique du nouveau-né est masculin mais que sa grand-mère est décédée juste avant la naissance, l’enfant sera élevé comme s’il était né fille. Il ne sera réassigné à son sexe biologique qu’une fois la puberté commencée. Il est à noter que l’enfant ne développera pas plus de problème psychologique qu’un enfant élevé dans une identité de sexe conforme à son genre chromosomique. Il existe, de par le monde, d’autres exemples de constructions genrées différentes de ce que nous connaissons.


Vous entendrez souvent utiliser les termes « la théorie du genre ». Ils sont mal choisis. Une « théorie » est une entité qui n’a rien de démontré, de vérifié du point de vue scientifique. C’est une mauvaise traduction des travaux anglo-saxons « gender studies ». Et ces études sur le genre relèvent de la science et reposent sur de nombreux travaux. Il est intéressant de noter que ceux qui utilisent ce terme de « théorie » sont souvent les mêmes qui condamnent l’homosexualité et refusent le mariage pour tous.


Notre société nous a imposé de choisir des normes dites hétéronormées, à savoir l’obligation d’être soit homme, soit femme et d’aimer et désirer le sexe opposé. Ces normes s’appuient sur des moyennes.  La grande majorité des humains ont une identité de genre conforme à leur sexe biologique qui ne recèle aucune ambiguïté et sont hétérosexuels. Mais pour reprendre Eric- Emanuel Scmitt, « La moyenne s’établit de manière statistique, nous indiquant uniquement le plus courant. Au nom de quoi transformer la moyenne en norme ? […] Les équarisseurs, ceux qui veulent égaliser, simplifier, refusent la complexité de l’univers, l’infinie variété de la nature, ses inventions excentriques. Sur la scène du monde, personne n’est identique ».


Si on prend le temps de relire « Le normal et le pathologique » de Canguilhem, médecin et philosophe du XXème siècle, la différence entre ce qui est qualifié de normal et ce qui est qualifié de pathologique, ne relève pas du quantitatif. Il écrit : « En matière de normes biologiques, c'est toujours à l'individu qu'il faut se référer ». Il invite à distinguer l’« anomal » (qui correspond à une anomalie, défini comme une simple exception statistique, sans aucune connotation péjorative) et l’ « anormal » (qui correspond à une infraction à la norme, réduisant la qualité du fonctionnement organique optimal voire compromettant sa viabilité).  Il affirme que tout jugement qui décrit un état anormal donc pathologique est un jugement normatif. Autrement dit, l’être humain peut se sentir homme ou femme, indépendamment de son sexe gonadique sans que cela relève de la pathologie.


Les normes reposent sur des valeurs qui sont amenées à évoluer au cours du temps et ce qui semblait pourtant évident se révèle ne pas l’être. C’est incontestablement une révolution de notre monde qui va profondément bousculer nos habitudes. Aujourd’hui, la famille telle que nous la connaissions, deux parents de sexe opposés et des enfants nés de leur union sexuelle a explosé. Il y a maintenant des familles dont les parents sont de même sexe et les enfants nés grâce à un don de sperme ou d’ovocytes, des parents de sexe opposé avec des enfants qui naissent grâce à une mère porteuse et même des pères enceints de leur enfant. Dans ce cas encore peu courant, le père était né femme, avait transitionné grâce à un traitement hormonal tout en conservant un vagin et un utérus fonctionnel. Sa compagne ne pouvant pas enfanter, il lui est possible de stopper son traitement hormonal et tomber enceint grâce à un don de sperme. Et pour autant, les enfants nés de ces familles hors normes grandissent sans difficulté psychologique particulière si ce n’est, et cela relève de nos responsabilités individuelles, le regard des autres. Les enfants, et toutes les études scientifiques le démontrent, ont besoin d’amour et de limites clairement posées pour être heureux. Peu importe que cet amour soit de deux femmes ou de deux hommes ou qu’ils soient sortis du ventre de leur père, de leur mère ou d’une mère porteuse.


Au-delà d’accepter la différence de l’autre, il faut comprendre que la violence faite aux femmes, l’absence d’égalité entre les sexes, toujours très prégnant dans nos sociétés, reposent sur cette construction genrée. De nombreux travaux scientifiques l’ont établi. Déconstruire le genre, ne plus catégoriser l’humain en deux sous-ensembles, les femmes faisant face aux hommes dans une confrontation violente participe à la construction d’une société plus juste et égalitaire de fait et pas uniquement sur le papier.


En définitive, il ne s’agit de rien d’autre que de respecter autrui dans sa différence, de l’accepter tel qu’il se dit. Il ne s’agit que d’amour.


Toutes les identités de genre, quelque soit votre orientation sexuelle, sont les bienvenues à mon cabinet. Vous y serez reçu avec respect et votre problématique, quelle qu’elle soit trouvera une réponse.


N’hésitez pas à prendre rendez-vous